Graines de ferme issues de tournesol hybride : une fausse bonne idée

Depuis 2022, dans le cadre d’un réseau d’acquisition de références constitué dans l’est de la France, Terres Inovia et ses partenaires (coopérative EMC2, Lorca) se sont penchés sur la pratique des semis de graines de ferme issues d’hybrides de tournesol. Bien qu’illégale, celle-ci fait l’objet de questionnements de la part de certains producteurs confrontés à des disponibilités limitées en semences oléiques précoces. Et en particulier lorsqu’il est nécessaire de ressemer (dégâts de ravageurs à la levée), ou en agriculture biologique, pour laquelle des dérogations temporaires annuelles autorisent depuis 2023 l’usage de semences conventionnelles non traitées.

Rendement et qualité impactés

Dans les essais, cinq variétés de graines de ferme ont été testées (une en 2023, quatre en 2024). Les pertes de rendement estimées par rapport à la même variété en semences certifiées sont systématiques. Elles s’établissent en moyenne à 23 % par rapport à l’usage de semences certifiées. « Dans 95 % des situations, elles sont comprises entre 17 et 29 %. Pour un tournesol payé 450 €/t, la moins-value liée aux quintaux perdus (8 q/ha en moyenne) a été chiffrée à 250 €/ha », explique Aurore Baillet, ingénieure de développement chez Terres Inovia.

Des conséquences sur la récolte et la qualité des graines ont également été enregistrées :

• Maturité des graines moins homogène (20 % de plantes polyflores) ;
• Humidité plus élevée (+2 points en tendance sur 9 essais) ;
• Taux d’impureté supérieur (+1 point sur 6 essais) ;
• Teneur en huile inférieure (–1,5 point sur 5 essais) ;
• Teneur en acide oléique plus faible (–8,5 points sur 9 essais).

Sensibilité au mildiou

Dernière observation : le comportement variétal à l’égard des maladies (mildiou en particulier) est dégradé, ce qui engendre un risque supplémentaire de pertes de rendement, une année à risques. « Pour toutes ces raisons, l’utilisation de graines de ferme de tournesol issues d’hybride est une fausse bonne idée », conclut Aurore Baillet.